Experte des enjeux sociétaux, Catherine Tripon est la porte-parole de L’Autre Cercle, association de promotion d’un environnement professionnel inclusif, et directrice au sein de la fondation FACE, Fondation Agir Contre l’Exclusion.
L’une des difficultés principales provient du fait que l’origine de la discrimination est invisible : l’orientation sexuelle ne se voit pas. De ce fait, le collaborateur LGBT peut se retrouver dans un environnement délétère où il est exposé à des propos déplacés ou moqueurs, même s’ils ne lui sont pas directement adressés. Dans la majorité des cas, le salarié LGBT préfère ne pas révéler son orientation sexuelle par crainte de répercussions sur sa vie professionnelle. Lorsqu’il est « découvert », il peut être confronté à des rejets irrationnels de la part de ses collègues. Dans les cultures d’entreprises actuelles, il est de plus en plus difficile de garder sa vie privée, et cela peut amener à des situations inconfortables et anxiogènes pour de nombreux collaborateurs LGBT.
L’entreprise est un acteur structurant de la société. Elle a, de ce fait, une vraie responsabilité : celle d’être proactive sur un sujet difficile à mesurer à l’aide d’indicateurs (comme c’est le cas pour d’autres sujets RH) et pour lequel il n’existe pas d’obligations légales.
Il y a deux dimensions RSE à cet engagement envers les salariés LGBT. Tout d’abord, l’entreprise a un devoir de protection envers tous ses collaborateurs en interne afin de garantir bien-être et performance. Ensuite, l’enjeu d’attraction et de fidélisation des talents est fort, qu’il s’agisse de collaborateurs LGBT ou pas. Les collaborateurs souhaitant de plus en plus travailler dans des environnements respectueux et inclusifs.
La Charte est signée au plus haut niveau de l’entreprise : c’est un signal très fort. L’enjeu est de créer un climat de bienveillance et de respect. Le fait que le Président de Pfizer France défile aux côtés de ses collaborateurs lors de la Marche des Fiertés à Paris est un message sans équivoque : intolérance et irrespect n’ont pas de place chez Pfizer.
Dans ses procédures et dans son fonctionnement, l’entreprise doit rendre visibles les problématiques des salariés LGBT, sans les rendre visibles individuellement. Avec une politique RH garantissant la possibilité de rester anonyme, tout collaborateur ou collaboratrice LGBT peut se sentir en confiance pour exercer ses droits. Une entreprise engagée octroie les mêmes avantages aux salariés LBGT, même dans des situations où la loi et les conventions collectives ne le prévoient pas : par exemple, en reconnaissant l’éligibilité de ces salariés à certains bénéfices liés à un enfant non reconnu administrativement.
Par ailleurs, les entreprises peuvent permettre l’émergence d’un réseau LGBT chargé d’organiser des évènements de sensibilisation, ou de faire remonter la parole des collaborateurs concernés.
Ce sujet « invisible » doit rester à l’ordre du jour des actions de Pfizer, qui fait vivre la Charte en poursuivant la diffusion des messages d’engagement. Au-delà du siège, l’engagement doit être porté sur le terrain, auprès des collaborateurs en région. Là aussi, l’action d’une grande entreprise comme Pfizer est fondamentale, notamment en partageant son expérience et ses bonnes pratiques qui peuvent inciter d’autres entreprises à s’engager à leur tour.